Artiste(s) invité(s)
CECCARELLI Jean-Jacques
L’intégralité de l’entretien est publié dans le Cahier de l’Artothèque n°64.
« Au départ il y a une donnée : le chien de Jean. Mais, au bout de quelques dessins, l’idée même ou l’envie du chien a complètement disparu. Ce qui m’intéresse c’est comment appréhender une page avec lui ; comment il va se développer dans la page ; comment la couleur peut jouer ou ne pas jouer ; comment le crayon l’accompagne ; ce qui fait qu’à chaque dessin j’ai de plus en plus conscience du moment où se fait une rupture, me disant : trois chiens comme ça me suffisent, il faut qu’il arrive au chien quelque chose d’autre. Et là, ce qui va venir, ce n’est pas un chien arrivant des bords de la page, mais quelque chose à l’intérieur de lui. C’est la règle du jeu.
Donc par rapport au chien, ce qui m’intéressait, c’était de voir comment le pinceau pouvait prendre dans un même mouvement une forme qui se détache d’un fond. Il n’y avait pas au départ de papier qui soit préparé. Je n’avais pas mis un fond rouge ou un fond vert ; le papier était blanc et il fallait que la forme vienne du geste. Au fur et à mesure, ce geste a été accompagné par le fait de redessiner à l’intérieur de cette forme. »
« J’utilise le papier avec tout ce qu’il suscite comme événements, avec la façon dont il répond. Pour moi ça s’appelle du dessin. Même si j’utilise de la peinture à l’huile, sur papier ce sera encore une relation au geste. Il y a toujours une idée du temps, mais peut-être pas comme dans la peinture, parce que dans le dessin il y a quelque chose qui est plus facilement irrémédiable. Je n’aime pas le terme, mais dans le dessin il n’y a pas de repentir ; il y a une dialectique, il y a un processus, une chose qui en entraîne une autre ; il y a une souillure, quand je dis souillure, c’est une trace et comment on peut jouer avec. »
Entretien avec Jean-Jacques Ceccarelli, atelier du 32 rue Estelle,
samedi 6 février 2016