l’Artothèque, une longue histoire : une archive de 1989 !

Le 14 mars 2022
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Un bel article, il y a 33 ans déjà ! A lire aujourd’hui avec en tête la belle permanence du projet et l’appel à de nouveaux engagements pour renouveler l’équipe !

L’artothèque Antonin-Artaud

Dans cet établissement des quartiers nord de Marseille, on peut emprunter des tableaux, et visiter la galerie d’art.

Le Monde, publié le 10 mai 1989

IL porte le nom d’Antonin Artaud. C’est un lycée du treizième arrondissement de Marseille (les fameux quartiers nord), qui rassemble mille sept cents élèves de la seconde aux classes post-baccalauréat (BTS et  » prépas « ). Mais il n’a jamais été prévu de poste d’enseignant d’arts plastiques.

Pour pallier cette carence, et pour répondre au besoin d’expression et de création de certains élèves, un professeur d’espagnol passionné d’art moderne, Jacques Terrasa, et deux documentalistes du CDI, Arlette Assante et Claude Sanchez, auxquels, depuis, se sont joints d’autres enseignants, ont créé ce qui est sans doute la première artothèque en milieu scolaire. Elle fonctionne depuis un an. A l’instar d’une bibliothèque, elle prête (moyennant une caution de 250 F) des oeuvres originales provenant de dons d’artistes ou d’achats effectués, avec le concours des élèves, auprès d’artistes travaillant dans la région.

Le fonds de l’artothèque Antonin-Artaud est constitué de quatre-vingt-dix oeuvres, généralement de petit format pour des raisons de manipulation, parmi lesquelles les élèves peuvent puiser librement pour les conserver chez eux durant six semaines. Après chaque emprunt, il leur est demandé une création originale pouvant prendre toutes les formes (écrit, photo, objet, dessin) se rapportant à l’oeuvre ou à l’artiste, ou aux réactions suscitées par la présence d’une oeuvre d’art  » à domicile « .  » Mis à part les élèves motivés, reconnait Arlette Assante, les nombres d’emprunts restent encore faibles. Vingt prêts en 1988 et quinze pour les quatre premiers mois de 1989. Beaucoup de réticences se font jour (timidité, peur de casser ou de se faire voler, désintérêt ou hostilité des parents à installer un tableau au mur). C’est un travail de longue haleine, dont il est difficile de dresser déjà un bilan. « 

Photographies et collages

Le projet a pourtant reçu dès son origine l’appui sans réserves du proviseur de l’établissement, M. Gérard Antoine, qui a permis que l’artothèque soit dotée d’un budget propre à l’établissement (subvention de 5000 F à laquelle s’ajoute une somme égale allouée par le foyer socio-éducatif) et qu’une salle d’exposition-galerie soit mise à sa disposition dans l’enceinte du lycée.

L’artothèque Antonin-Artaud a également bénéficié de subventions de la direction régionale d’art contemporain (DRAC), du conseil général, de la mairie de secteur et de la ville, ainsi que de l’ANVAR et du mécénat d’entreprise.

L’aménagement de la salle d’exposition  » Art-Espace  » dans le lycée s’est fait sous la forme d’un projet d’action éducative (PAE),  » Approche de l’art contemporain « , qui a permis aux élèves de participer à l’aménagement de la salle (y compris l’installation d’un système d’alarme conçu par des élèves de BTS) et leur donne le droit de fréquenter galeries et musées, grâce à des accords privilégiés entre l’artothèque Antonin-Artaud et la direction des musées de Marseille, de visiter des ateliers d’artiste, d’assister à des conférences et de suivre des stages d’initiation.

Cette année, les animateurs de l’artothèque ont organisé un cycle d’expositions sur le thème  » L’assemblage dans l’art contemporain « , avec l’accueil du photographe catalan Joan Fontcuberta, les collages du peintre Jean-Jacques Ceccarelli et bientôt les assemblages de Louis Pons.

Ces expositions ont donné lieu à la publication des premiers Carnets de l’artothèque Antonin-Artaud, tirés à mille exemplaires, qui sont à la fois un catalogue et un outil pédagogique.

A la fin de l’année scolaire, les cimaises de l’artothèque Antonin-Artaud, qui fonctionne comme une galerie d’art ouverte au public, accueilleront les travaux des élèves des écoles maternelles et primaires du secteur sur le thème  » La production en volume par l’enfant à partir d’objets de récupération « .

Le Monde

https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/05/10/l-artotheque-antonin-artaud_4108439_1819218.html

 

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