Paysages avec Figures
Un récit de Serge Plagnol

Le 8 novembre 2013
dans Expositions

Artiste(s) invité(s)

LIU Xu
Ruslan Kursin

Peintures-vidéos


Vernissage
le jeudi 7 novembre 2013 à partir de 18h
Exposition
du vendredi 08 novembre 2013 au jeudi 19 décembre 2013
Ouverture
lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 17h et sur rendez-vous Fermeture pendant les vacances scolaires

 

A propos de l’exposition

A l’origine il y a ce désir de modeler la terre qui devient figurine, la terre comme la couleur chair de la peinture. Ces figurines sont des assemblages : à la terre s’ajoutent des bouts de brindilles, de branches d’arbres ; elles sont donc des sortes de figures-paysages, peintes. Elles deviennent des prolongements de ma peinture. Ces figurines sont explicitement figuratives, personnages, femmes, hommes, enfants, comme une sorte de fresque au quotidien qui s’anime. Il fallait alors que ces personnages intègrent les peintures. Je travaille simultanément sur une grande toile de 2 m. x 3 m., grand paysage inventé dans lequel commencent à s’inscrire des signes d’humains, sortes de couples qui sont traversés par la mémoire des tableaux de Watteau, les fêtes galantes, les concerts champêtres. Cette première grande peinture en entraîne d’autres qui m’amènent à une réflexion sur la possibilité de traiter
la représentation humaine dans les peintures. Je me retourne sur un certain nombre de peintres, Watteau donc mais aussi Nicolas Poussin, Giorgione, les fresques de Pompéi. Explicitement une suite de peintures va s’inspirer de La Tempête de Giorgione : le paysage, l’espace, le sujet-même du tableau, le berger, la femme à l’enfant.
J’entreprends une suite de cinq portraits inspirés, là aussi, de ceux des tableaux de Watteau : portraits de femmes tout droit sortis de ses paysages-concerts champêtres.
Les paysages sont des réminiscences de paysages vus, traversés, vécus (la Provence, la Toscane, l’Ombrie, la Corse), mais aussi puisés dans l’histoire de la peinture (la peinture vénitienne, Poussin, Watteau ). Réel et imaginaire se nouent sur la toile.
Il me vient donc une réflexion : ce travail récent tend à rompre avec ce que je peux appeler un certain formalisme « moderniste  » pour aller vers une complexité de l’espace pictural, retrouvant la question de l’incarnation dans la peinture et de thèmes explicites et figuratifs.
Un récit donc : la possibilité que la peinture ne soit pas descriptive ou anecdotique, mais puisse à nouveau évoquer (incarner) une histoire humaine ; histoire au sens de « romanesque « , de fiction, faisant allusion à nouveau à des bribes de mythes. Un concert champêtre, une Arcadie ou un Paradis perdu d’aujourd’hui, la mémoire d’une fête galante, un portrait, un arbre, un paysage, « Et in Arcadia Ego », thèmes historiques dans l’histoire de la peinture .
La peinture est une présence, ici, maintenant, pour aujourd’hui, elle se tient debout dans le présent de notre monde mais elle est aussi travaillée de l’intérieur par son histoire, par la mémoire des formes. Un sentiment personnel me fait penser qu’il faut aujourd’hui « redresser » la figure, la couleur, l’espace, le tableau, les célébrer, pour sortir de « la Chute » et du nihilisme ambiant. Le Printemps d’une Renaissance contemporaine !?

Pour cette exposition à l’Artothèque Antonin Artaud de Marseille j’ai proposé à deux étudiants de l’Ecole des Beaux Arts de Nîmes de se joindre à moi : Ruslan Kursin et Xu Liu.
Ces deux artistes d’origine culturelle et artistique très différente de moi-même semblent pourtant avoir des préoccupations voisines. Il y a dans leurs peintures et aussi vidéos (Xu Liu) une interrogation sur la place de l’humain dans son rapport avec l’espace, le paysage urbain ou naturel, une sorte d’inquiétude sur le devenir humain, sa vie, sa mort, sa renaissance.
Je voudrais ici évoquer cette magnifique vidéo de Xu Liu qui met en scène un homme nu, sorte d’Adam contemporain qui naît ou renaît s’extirpant d’un tas d’ordures urbaines pour s’enfoncer dans un espace tout à la fois lumineux et nocturne.
Une grande peinture de Ruslan Kursin montre deux portraits en vis-à-vis, se regardant au travers de jumelles sur fond de paysage : interrogation sur le visible, le double, l’altérité, sur notre place dans le monde.

Serge Plagnol, novembre 2013

Télécharger la plaquette de l’expo

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